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Microplastiques: pollution insidieuse?

Microplastiques : pollution insidieuse ?

Qui sont-ils ?

Les matières plastiques sont des matériaux présents en abondance dans notre vie quotidienne. Elles facilitent nos vies de multiples façons et sont souvent plus légères et moins onéreuses que les matériaux de substitution. Avec une production annuelle mondiale de 350 millions de tonnes en 2017, le plastique est le troisième matériau artificiel le plus abondant, après l’acier et le béton.

Les gros déchets de plastique qui se dégradent en petits morceaux constituent la première source de microplastiques. La deuxième origine provient des microplastiques à l’état initial comme les microbilles utilisées par l’industrie dans les cosmétiques ou encore les fibres synthétiques de nos vêtements libérées par les eaux de nos machines à laver.

Une fois dans l’environnement ces microplastiques peuvent y persister pendant de longues périodes, jusqu’à plusieurs milliers d’années avant de se dégrader.

Où sont-ils ?

Ils sont devenus un sujet de préoccupation car ils s'accumulent dans les sols, les cours d'eau, les lacs, l'environnement marin et certains aliments. Leur présence est constatée sur l’ensemble de la planète, même dans les endroits les plus géographiquement reculés comme l’Arctique, l’Antarctique, les profondeurs océaniques et les régions montagneuses isolées (notamment dans des échantillons de neige).

Dans notre vie quotidienne, de nombreux produits contiennent des particules microplastiques ajoutées intentionnellement notamment certains types d’engrais, de produits phytopharmaceutiques, de produits cosmétiques sans rinçage et à rincer, de détergents à usage industriel et domestique, de produits de nettoyage, ainsi que de peintures et de produits utilisés dans l’industrie pétrolière et gazière.

Selon des estimations (Boucher & Friot, 2017), la quantité annuelle totale de microplastiques se formant ou s’infiltrant dans l’environnement, à l’échelle mondiale, pourrait être de l’ordre de 11 millions de tonnes ! Et par rapport à la quantité de microplastiques utilisés annuellement au sein de l’UE, 65% d’entre eux seraient rejetés dans l’environnement.

Impact environnemental

Il a été constaté qu’une partie importante de fibres synthétiques de moins de 1 mm en suspension dans l'eau se retrouve dans l'estomac de nombreux animaux lors de leur abreuvement.

L’impact sur l’homme est également évoqué, notamment du point de vue alimentaire. Des microplastiques ont été retrouvés dans de nombreux aliments tels que les viandes ou les poissons selon le principe de bio-accumulation (capacité à absorber et concentrer certaines substances dans l’organisme). L'une des sources alimentaires record semble être les infusions issues de sachets synthétiques, qui « libèrent sous l’effet de la chaleur énormément de micro et nanoplastiques dans une seule tasse de la boisson ».

Mais ces microplastiques présentent-ils un risque pour la santé humaine ? Il s’agit d’une question brûlante pour laquelle les recherches sur les microplastiques et les menaces qu’ils peuvent représenter pour les écosystèmes et les humains sont complexes et n’en sont qu’à leurs balbutiements. Il reste encore de nombreuses incertitudes dans ce domaine. Cependant, la libération de certains perturbateurs endocriniens par certains plastiques suggère une part de responsabilité dans l’infertilité et dans les troubles du développement au sein de la population humaine. Des études préliminaires et analyses déjà réalisées sur plusieurs micro-organismes marins et des daphnies (petit crustacé d’eau douce) démontrent des anomalies anatomiques et une mobilité altérée lorsque ces organismes sont exposés aux micro et nanoplastiques.

Perspectives

Si la plupart des polymères à base de pétrole sont très peu biodégradables, de nombreux plastiques d'origine naturelle le sont. Certains industriels cherchent à les étudier pour en créer une imitation technique et les intégrer dans la production de matériaux biodégradables, similaires aux plastiques courants dans un schéma d’écoconception. Leurs propriétés, durant la phase de dégradation dans l'environnement, exigent cependant encore un examen détaillé avant le développement d'une large utilisation.

L’écoconception représente donc la volonté de concevoir des produits respectant les principes du développement durable, favorisant l'utilisation de ressources renouvelables, exploitées en respectant leur taux de recyclage et associées à une valorisation des déchets pour évoluer vers une économie circulaire.

A titre d’exemple, une start-up bretonne propose une solution alternative au plastique…..une matière rigide fabriquée à base de déchets industriels et d’algues brunes.  En fin de vie, la matière totalement compostable, apporte une des fonctions historiques de l'algue : fertiliser la terre. Il est aussi à noter que l’ensemble du processus, de la culture de l’algue à sa transformation finale se fait dans un périmètre de 250km et favorise l’emploi local.

On peut également souligner les appels récents à interdire l'utilisation de microbilles dans les cosmétiques (dentifrices, exfoliants, maquillages…) qui vont dans le bon sens mais ces microbilles ne représentent qu’une petite partie de la source des microplastiques primaires visible. En effet, ce sont les textiles en fibres synthétiques et les gommes de pneus laissées par les voitures sur les réseaux routiers qui sont les principales sources de pollution microplastique dans les cours d’eau, mers et océans. C’est donc dans cette direction qu’il faudra concentrer nos efforts de réflexion afin de limiter cet impact.

En conclusion, au vu des récentes études scientifiques démontrant les dangers d’une pollution par les microplastiques ainsi que de sa persistance à long terme et de son irréversibilité, il semble nécessaire de prendre des mesures conséquentes pour empêcher leur rejet dans l’environnement et leur formation à partir de la décomposition de macroplastiques. Ces mesures doivent avoir pour but de:

- limiter la production et l’utilisation des matières plastiques et microplastiques en identifiant des alternatives durables à l’image des mesures adoptées par le Gouvernement wallon depuis le 18 juillet 2019 interdisant l’utilisation de toute une série d’ustensiles en plastique à usage unique (pailles, couverts, gobelets, assiettes…)

- empêcher ou atténuer la formation de microplastiques tout au long du cycle de vie des matières plastiques et des produits contenant du plastique en améliorant par exemple les chaînes de recyclage des déchets plastiques et en augmentant leur taux de recyclage comme l’a approuvé récemment l’Union Européenne;

- éviter le rejet sauvage de matières plastiques dans l’environnement et particulièrement à proximité des cours d’eau (qui sont un moyen de dispersion de premier ordre), en optimisant la sensibilisation citoyenne à travers le public scolaire, des articles de presse ou des actions concrètes de ramassage de déchets telles que les « Opérations Rivières Propres »

- récupérer massivement les plastiques déjà présents dans l’environnement (exemple d’ « Ocean Cleanup » qui développe différents outils de récolte de déchets plastiques dans les océans)