Portrait de Mehdi, dessinateur
Vous l’ignorez peut-être mais à Marchovelette, se cache un artiste plutôt discret. Il est pourtant à l’origine des dessins d’émissions comme « Le Grand Cactus » diffusée sur la RTBF, ou encore du dessin animé « La Minute Belge » pour RTL TVI et Dupuis, et il illustre aussi de nombreux livres jeunesse. Nous avons fait sa connaissance à travers quelques questions.
Comment êtes-vous venu au dessin ? Est-ce une passion depuis tout petit ou est-ce venu plus tard?
En 1980, je dessinais déjà dans le ventre de ma maman. J'y avais peint une superbe reproduction de la grotte de Lascaux, mixée avec un peu de Star Wars et de Tchoupi. Mais je n'ai pas pu prendre de photo avant de quitter le nid malheureusement, les gsm et filtres Instagram n'existaient pas encore.
Je dessine depuis très petit, à l'époque l'accès à la culture et aux "œuvres" dans tout art que ce soit, n'était pas si évident d'où je viens (le fond du fond du Hainaut occidental à la frontière des champions du monde). Du coup, à force de relire et relire les mêmes bandes dessinées disponibles, je me suis lassé, et j'ai commencé à reproduire simplement les images des livres.
Arrivé à l'âge de 20 ans, j'ai enfin eu le courage de partir vivre d'un métier que je désirais. J'ai alors commencé non pas comme dessinateur mais comme créatif, dans des agences de publicité. Le mix parfait entre dessin et création. C'était une vie à 100 à l'heure non-stop, et j'avoue avoir vite craqué mentalement. Il me fallait une vie plus calme, plus posée. M'est alors venue l'idée de devenir totalement illustrateur, sans aucun plan futur, sans projets, sans rien. Juste à l'audace j'ai quitté un job salarié pour me lancer dans la vie d'artiste en 2008. J'ai alors pu compter sur l'aide importante des amis des agences de publicité, qui me commandaient beaucoup de choses au début pour me soutenir, puis les éditions Averbode ont enclenché le pas, puis est venu le projet de « La Minute belge » pour Rtl Tvi et Dupuis, puis le « Grand cactus » pour la RTBF, puis des magazines pour enfants pour des éditions françaises comme Milan presse, Flammarion, etc. J'ai vraiment eu beaucoup de chance, de faire de belles rencontres de gens qui voulaient croire en moi, c'est ce qui m'a motivé et me motive encore depuis.
Comment vous êtes-vous fait connaitre dans le milieu du dessin humoristique ?
Pour les dessins d'humour, je ne travaille que pour l'émission "Le Grand cactus", et très ponctuellement, j'ai pu faire l'intérim de Mr Kroll, et Mr Oli dans des quotidiens, mais sans grande suite dans l'aventure quotidienne de l'humour
Je me suis fait connaitre dans le « Grand cactus » via leur idée de la première saison, durant laquelle ils proposaient aux spectateurs d'envoyer leurs blagues sur les infos de la semaine via Facebook. Au début, j'avais vu l'offre, mais je n'avais pas osé, me pensant trop nul. Puis j'ai tenté une fois, ils ont gentiment demandé d'en envoyer d'autres, puis encore d'autres, et au final de la première saison, ils m'invitèrent dans le public pour m'annoncer que je devenais le "cartooniste officiel de l'émission".
Je ne pense pas vraiment être "connu" dans le milieu du dessin, je vis vraiment dans ma bulle, mon monde. L'important n'est pas que je sois connu, mais qu'un dessin puisse faire rire, voyager, rêver, ou même dégouter quelqu'un, c'est le principal, créer des émotions.
Pouvez-vous nous parler de votre travail pour « La Minute belge » ? Pour le Grand Cactus ?
La « Minute belge » c'est un projet de Fabrice Armand et Dimitri Ryelandt. J'ai au début réalisé des dessins pour plusieurs épisodes, le projet étant particulier, car il s'agit d'un dessin animé, mixant méthode ancienne comme le dessin image par image et l'ordinateur. Après avoir réalisé ces épisodes, Fabrice et Dimitri se sont mis en route pour vendre ce beau projet, et ils y sont arrivé de bien belle manière, en réussissant à vendre le projet chez RTL-TVI, et Dupuis. On a alors pu réaliser plus de 40 épisodes, animés, qui se retrouvent ensuite dans un livre, une aventure de fou pour moi encore une fois, rien de prévu, le hasard, la chance. Depuis le projet continue de bien vivre, on sort cette fin d'année le tome 2 de la bande dessinée chez Dupuis, en espérant trouver un producteur chaud patate pour animer la saison 2 du coup.
Pour le Grand cactus, je reçois simplement un mail avec les thèmes de l'émission. Je note alors les thèmes sur une feuille, j'essaye d'écouter les infos tournant autour de ses thèmes et je laisse reposer, sans chercher, puis je laisse venir les idées et je les note au fur-et-à mesure. Chaque fois je me dis "mais je ne vais rien trouver sur ce sujet-là", mais au final on trouve toujours des idées, bonnes ou mauvaises, loin de moi l'idée de dire que tout ce que je trouve est drôle. Je leur envoie entre 5 et 8 blagues par thème, ils se réunissent pour valider les textes, et planifier l'émission, et à ce moment-là ils choisissent les blagues, me donnent leurs choix et je redessine plus proprement l'idée choisie. Jérôme et toute l'équipe sont vraiment super ouverts, et motivants. J'ai aussi pu voir mes blagues imprimées dans les livres des cactus de Jérôme, un cadeau en plus du hasard et de la chance.
Est-ce que vous avez des sujets tabous, des thèmes que vous vous interdisez ?
Les tabous ça vient avec l'âge ça, donc oui, j'ai maintenant en tant que papa, des tabous évidemment. Je fais sûrement plus attention à ce que je poste, pour ne pas choquer inutilement, et amener une fatwa sur le nom de famille de ma fille, par exemple.
J'essaye toujours de penser à qui je veux "attaquer" dans mes dessins. Il y a toujours les cibles faciles comme Trump, le Roi Phillipe... Des victimes puissantes mais faciles sur qui on peut y aller.
Par contre je n'irais jamais attaquer une victime, ou des victimes, juste pour le plaisir de se dire qu'on a réussi à toucher des gens déjà à terre, je ne comprends pas ce genre d'humour.
Vous n’êtes pas originaire de Fernelmont mais vous y habitez… Qu’est-ce qui vous a amené chez nous ?
Tout à fait je suis originaire d'un lointain pays, appelé le Hainaut. D'un tout petit village de 300 habitants à peine à l'époque, Moulbaix.
Le décor campagnard d'ici reste le même pour moi, et c'est ce que je recherche. J'ai longtemps vécu à Namur, Bouge...Par amour évidemment, ma compagne étant originaire de la région. Nous avons alors cherché à nous installer dans un coin bucolique, mais pas trop retiré de la vie, et on est tombé sous le charme des villages de la commune dans nos recherches. On a eu la chance de pouvoir trouver une maison à Marchovelette, sans travaux, parce que qui dit dessinateur, ne dit pas automatiquement bricoleur !
Il y avait tout pour nous plaire et nous accueillir nous et notre future petite princesse : une école au bout de la rue, une crèche de l'autre côté, et un home pour personnes âgées au milieu, de quoi faire notre vie de famille entière. Depuis, on est super heureux de vivre dans ce petit village qui garde l'esprit de village avec des gens proches les uns des autres, qui sont là les uns pour les autres, avec les enfants qui créent des liens entre les adultes, les voisins toujours heureux de discuter avec vous de tout et rien…
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